Dans l’univers culturel et historique du Moogho, certaines appellations peuvent prêter à confusion pour les non-initiés. C’est le cas des termes Yadega (ou Yadsé) et Yarga (ou Yarsé), qui désignent deux réalités socioculturelles très différentes mais parfois mal comprises, voire confondues. Cet article vise à clarifier ces notions et à rappeler leur place dans la mémoire collective du peuple moaga et des sociétés sahéliennes en général.

Les Yadega ou Yadsé : une appellation géographique, non ethnique
Le mot Yadega (au singulier) ou Yadsé (au pluriel) ne désigne pas une ethnie. Il qualifie toute personne originaire du royaume traditionnel du Yatenga, qu’elle soit Moaga, Peulh, Kouroumba, Dogon ou Songhaï. Il s’agit donc d’un terme géopolitique et socioculturel, qui transcende les appartenances ethniques classiques.
La langue parlée par les Moosé du Yatenga est une variante dialectale du mooré appelée Yaadré. Il est incorrect de distinguer le mooré du Yaadré, car ce dernier est une forme dialectale du mooré, au même titre que le Sãaré ou le Taolendé parlés dans d’autres régions moaga.
Le royaume du Yatenga : un territoire plus vaste que la province actuelle
Il convient également de ne pas confondre le royaume traditionnel du Yatenga avec la province administrative actuelle portant le même nom. Historiquement, le royaume du Yatenga englobait un territoire beaucoup plus vaste, comprenant :
L’actuelle province du Yatenga,
La province du Loroum,
Le Zondoma,
Une grande partie du Bam,
Et parfois le Soum, en fonction des rapports de force et des alliances.
Le Yatenga ancien était ainsi un haut lieu d’organisation politique, de rayonnement spirituel et d’interactions interethniques dans le nord du Burkina Faso
Les Yarga ou Yarsé : une communauté commerçante islamisée et assimilée
À l’opposé, les Yarga (singulier) ou Yarsé (pluriel) constituent une communauté spécifique historiquement associée au commerce et à l’islamisation du Moogho. Ils sont considérés comme les premiers musulmans à s’établir durablement dans le royaume mossi, jouant un rôle d’intermédiaires entre l’aristocratie moaga et le monde musulman sahélien.
Avec le temps, les Yarsé se sont en grande partie assimilés aux Moosé, notamment par les alliances, les mariages, et l’intégration dans les structures sociales locales. Leurs patronymes caractéristiques incluent :
Kouanda, Kouraogo, Bikenga, Sanfo, Zoanga, Sana, Mandé, Traoré, Guira, Soré, Bagagnan, Guiro, etc.